Méditerranée-Afrique-Solidarité est née en décembre 1987 du désir d’européens et d’africains des Alpes-Maritimes de vivre l’expérience du Développement comme la promesse d’un chantier de solidarité à portée de notre vie. Pas à pas , nous nous sommes trouvés et avons appris à construire, dans des relations d’amitié et d’échanges, des avenirs communs. Ce n’est pas facile, mais nous le faisons tels que nous sommes, dans le concret de nos territoires, de nos diversités et de nos cultures mais aussi en confrontation avec les réalités d’un monde brutalisé d’inégalités criantes et de ruptures.

Notre premier enracinement se fait place Sophie Laffite à Valbonne Sophia Antipolis pour se fixer ensuite à Mouans-Sartoux, petite ville de 10 000h entre Cannes et Grasse. Frédéric Rwamahina un africain en fin d’études de sociologie à Nice, originaire du Kivu est l’un des premier à nous rejoindre dans notre aventure et à nous ouvrir le chemin de son pays où nous interviendront dès 1987 pour soutenir des Instituts techniques agricoles proches de la ville de Goma. Malgré les crises et les guerres l’engagement de MAS n’a jamais été interrompu.

Nous rencontrons aussi Antoine Dzamah, étudiant togolais près de Nice qui nous rejoint avant de reprendre la route du retour avec le projet de faire sa vie comme paysan au cœur des villages abandonnés du Togo. 35 ans ont passé et l’expérience d’Antoine a donné naissance à un magnifique mouvement de développement local et de transformation des communautés paysannes pour et par une Afrique debout. Là encore MAS a accompagné ce changement année après année, le faisant partager dans la cadre de voyages de découverte et de solidarité à de nombreux jeunes et adultes de notre territoire.

C’est ainsi que nous nous sommes engagés modestement – MAS est une petite association – mais fidèlement , cela fait une génération et plus, comme partenaires ici en Provence, là-bas au Togo avec le centre Sichem et l’écovillage de Natoung au Nord Togo, au Kivu en RDCongo avec l’association Villages Durables .

On nous demande souvent quelle est notre démarche : il ne suffit pas d’être porteurs de solidarité pour les autres dans des actions concrètes : pour l’eau, l’éducation , l’agriculture familiale et écologique, la démocratie locale – ce que nous faisons en soutenant nos partenaires de Sichem et de Villages Durables. Il faut aussi accepter l’exigence des échanges et d’un regard lucide sur nos propres sociétés. Dans l’écoute nous avons fait l’apprentissage du donner et du recevoir . Reconnaissant nos amis comme acteurs de leur propre développement et reconnaissant aussi dans le lien qui nous unit à eux la part de nos limites et échecs, ouvrant de nouveaux chemins pour la solidarité.

Être acteurs de changement

Tout cela nous construit comme acteurs de changement au sein de nos propres sociétés , ici et là-bas, pour répondre aux mêmes défis de l’eau, de la biodiversité, de l’éducation et des nouveaux défis du changement climatique et de l’éternel défi de l’exclusion.

Bref, notre devoir est d’agir pour des cités bonnes et heureuses, ce qui est facile à dire. Il faut le faire: le chantier est à prendre. Cette capacité résultera de plus en plus des engagements conjoints de la société civile et de la société politique ensemble pour le bien commun.

Mettre la pirogue à l’eau

Nous apprenons les uns des autres que le défi du développement ne peut être que solidaire . « C’est ensemble que l’on met la pirogue à l’eau » nous disent sagement nos amis d’Afrique.

Sommes nous optimistes nous demande t-on aussi ?. Oui mais pas naïfs et par la force des choses. Le repli conduit à l’échec collectif. Ce n’est pas un choix, surtout pas pour les jeunes à qui nous devons un avenir. Il y a d’autres raisons.

MAS, comme d’autres, fait la découverte et apprécie la diversité et les compétences et les complémentarités du mouvement associatif engagé avec des collectivités, des écoles pour la coopération internationale. Le 1% de l’eau en et un exemple. Des collectivités territoriales font des choix en ce sens. C’est le cas de Mouans-Sartoux et Peymeinade qui sont pour MAS et ses partenaires africains un soutien actif. D’autres organisations montrent le chemin, des réseaux se sont constitués comme Territoires Solidaires qui réunit en région PACA de nombreux acteurs de coopération. C’est pour MAS un engagement essentiel et un chemin de réussite.